OUVRIR LE PUITS sur l'objet du désir sans en offrir l'accès, tel est ce qui est ici mis en œuvre. L'efficacité du dispositif revient à la margelle couverte d'un tissu qui, telle une structure de dentelle ou de moucharabieh, est perforé par des brûlures en constellations dont le mouvement épouse celui d'une spirale qui conduit vers la rosace centrale. Sous-vêtement féminin et élément architectural sont ainsi suggérés dans leur capacité à assurer la subtilité du jeu esthétique et erotique entre caché et montré, visible et invisible, accessible et inaccessible... De manière illusoire, la profondeur du puits est exacerbée grâce à l'aménagement d'un cône tapissé de rouge incandescent et qui sert également de réfracteur de lumière du fond jusqu'au sommet de la margelle. Or, au cœur du puits, est disposé en contre-jour un objet mystérieux dont on ne perçoit qu'une silhouette flottante : l'ombre d'une sphère dissimulant la source de lumière. Si l'œil du spectateur est donc séduit par cet objet mystérieux, sa main ne saurait caresser au-delà de la dentelle qui habille la margelle.

Mohamed Rachdi